Approximativement un semestre après la Belgique, la sortie programmée dans l’Hexagone de Monsieur Lazhar
coïncide avec la rentrée sur les bancs de l’école. Mieux vaut tard que
jamais, d’autant plus que la date choisie dans le calendrier
apparaissait comme la plus pertinente pour un film traitant directement
de problèmes liés à l’éducation "nationale". Enfin, façon de parler (à
l’instar de la discussion introductive dans la cour de récré) puisque
l’action se déroulant au Québec n’empêche pas le propos de revêtir une
portée universelle. Effectivement, les difficultés rencontrées par notre
"Monsieur Lazhar" font écho à celles qui émaillent le quotidien de la
majorité des enseignants transmettant leur savoir depuis leur classe ;
indépendamment du fait que celle-ci soit située dans une bourgade du
Sénégal ou en périphérie de la région parisienne. Avant tout, elles émanent du souci de devoir se focaliser presque
exclusivement sur la matière à inculquer (conformément au programme), et
ceci au détriment de l’éducation de plus en plus défaillante auprès du
jeune public à affronter. Là où tout devient problématique est que de
nos jours "l’enfant roi" jouit de droits comme celui qui interdit le
corps professoral de toucher les élèves sous quelque forme que ce soit.
Justement, Philippe Falardeau débute sa fiction à partir de ce principe
bafoué par la maîtresse principale d’une classe de sixième et dont
dépend probablement le suicide (du moins on le suppose). Il permet à
Bachir Lazhar d’entrer en scène et d’utiliser des mots capables de
libérer des maux, malgré la tâche première de sa mission qui consiste
d’abord à transmettre des connaissances...
Comme pour Congorama,
Falardeau montre sa patrie à travers le regard d’un allochtone. On sent
une nostalgie indéniable pour l’école d’antan, entre autres axée sur
l’apprentissage de fables ou de passages de grands romans que bien
évidemment Mohamed Fellag honore par son merveilleux phrasé. Si Monsieur Lazhar
peut s’appuyer sur le talent indéniable de l’artiste algérien qui lui
prête ses traits, cela ne suffit pas à marquer durablement les esprits.
La faute à un récit s’amenuisant à ratisser large en soulevant de trop
nombreuses problématiques : la place de l’école d’aujourd’hui, le deuil,
l’exutoire, l’exil... On tient là le parfait film de festival qui
devrait plaire au plus grand nombre...
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