SYNOPSIS
José Garcia interprète Fonzy, le pseudonyme sous lequel Diego Costa a fourni il y a 20 ans du sperme à maintes reprises dans le cadre d’un protocole de recherche.
Aujourd’hui, à 42 ans, il est livreur dans la poissonnerie familiale et mène une vie d’adulescent irresponsable et gaffeur. Alors que sa compagne Elsa, lui apprend qu’elle est enceinte, son passé ressurgit.
Diego découvre qu’il est le géniteur de 533 enfants dont 142 souhaitent savoir qui est Fonzy…
Filmographie d'Isabelle DOVAL :
2013 FONZY
2003 UN CHÂTEAU EN ESPAGNE
2002 RIRE ET CHÂTIMENT
2000 MES PLUS BEAUX SOUVENIRS
DÉÇUE série de 12 courts métrages sur la drogue-CRIPS
1995 MODULES POUR MCM - CHRONIQUES MÉTIERS
Distribution des rôles :
- José Garcia : Diego Costa alias « Fonzy »
- Lucien Jean-Baptiste : Quentin
- Audrey Fleurot : Elsa
- Gérard Hernandez : Ramon
- Laurent Mouton : Enrique
- Alice Belaïdi : Sybille
- Alison Wheeler Contractuelle
- Solal Forte
- Arnaud Tsamère : Maître Chasseigne
- Hugo Dessioux : Marcus
- Douglas Attal : le porte parole
- Marie Béraud
- Vérino : Manuel
- François Civil : Hugo
- Marvin Martin : lui-même
- Guillaume Juliot
interview :
Comment l’aventure de FONZY a-t-elle commencé ?
Ce n’était pas la première fois qu’on me proposait un remake, mais je voyais
cette fois la possibilité de m’approprier le sujet en livrant un point de vue
maternel – un point de vue de femme – pour réaliser un film sur la paternité.
Pour la première fois de ma vie, je me suis posé des questions sur ce qu’était
vraiment la paternité : Qu’est-ce que signifie « être père » ? Est-ce être
géniteur ou aimer et nourrir un enfant depuis sa naissance ? Un homme, naît-il
père ou le devient-il ? C’est pourquoi, dès le départ, je n’ai pas voulu qu’on
dise « père » en parlant de Fonzy, mais « géniteur ». Parce que, pour moi, le
père, c’est celui qui aime et qui soutient l’enfant au quotidien, et qui remplit
sa mission : accompagner un être humain de l’enfance jusqu’à l’âge adulte et
l’aider dans sa construction. C’est donc un sujet qui m’a beaucoup parlé.
Quelle orientation souhaitiez-vous donner au film ?
STARBUCK était une histoire remarquablement bien écrite dans sa
structure, mais j’ai senti que je pouvais renforcer le sujet et rehausser la
comédie. Car, très vite, j’ai compris que j’avais une vision latine à proposer,
contrairement au point de vue de Ken Scott qui me semble plus calme.
De mon côté, je voulais donner plus de relief à l’histoire et en faire un
récit plus explosif. Au passage, c’est intimement lié au fait que, pour moi,
le personnage de Fonzy ne pouvait être incarné que par José Garcia :
j’avais besoin de son tempérament et de sa nature profonde pour servir
le protagoniste d’une manière différente de la vision nord-américaine, en y
apportant une vitalité beaucoup plus latine et une énergie plus foisonnante.
Les « enfants » de Fonzy s’expriment davantage dans votre film…
Même si j’ai beaucoup aimé le film de Ken Scott, on n’y entend presque
pas les enfants et j’ai voulu offrir une tribune à leurs témoignages et, à
travers eux, me faire la porte-parole d’un enfant IAD (né d’une insémination
artificielle avec donneur) qui, au fond, a trois parents. Dans le film
d’origine, j’avais ressenti une petite frustration sur l’incarnation de ces
enfants dans le collectif, dont je m’étais dit qu’il s’était construit au fil des
années grâce aux réseaux sociaux. Du coup, pour moi, FONZY est devenu
un film qui parle des droits des enfants. Car on ne verra jamais de manifs
d’enfants de 5 ou 10 ans revendiquant être nés de parents différents et
affirmer que ce n’est pas toujours facile à vivre ! Je voulais donc rendre
hommage à ces jeunes qui se sentent incomplets et qui, comme le dit l’une
des « filles » de Fonzy : « Je me sens comme un tableau, une moitié en noir
et blanc, et l’autre en couleurs ». Et j’ai eu envie, avec le film, de terminer
le tableau. Symétriquement, j’ai voulu qu’on découvre, dans la séquence
de la maternité, les silhouettes des vrais parents parmi les figurants. Car c’est le moment – crucial – où le géniteur rencontre les parents de sa très nombreuse progéniture !
D’ailleurs, dans FONZY, les mères sont incarnées
à travers la mère d’un des enfants, mise en scène à deux moments cruciauxdu récit.
Oui, et notamment grâce à mes producteurs, Odile Mc Donald et Alain
Pancrazi, qui m’ont accompagnée tout au long du tournage et suivi ma
réflexion et mon travail avec un intérêt constant. Comme je voulais faire
parler les enfants, il me semblait essentiel de me documenter et de
rencontrer des enfants IAD : je me suis aperçue que même s’ils ont été
aimés par leurs parents, ils ont parfois le sentiment d’avancer sur une seule
jambe. Ce n’est pas la même chose que l’adoption : l’enfant IAD a été conçu
par trois personnes, et c’est une situation tout à fait singulière. Odile m’a
présenté Maître Musset, avocat spécialiste de bioéthique qui a pu vérifier,
et valider, la dimension juridique du scénario. Toute la transposition du
contexte canadien dans le droit français nous arrangeait car, en France –
contrairement à l’Amérique du Nord – on ne peut pas vendre son sperme
dans un but d’insémination artificielle, mais seulement pour des études
sur la fertilité dans le cadre d’un protocole scientifique. Par conséquent, la
clinique Vallée, dans le film, a enfreint la loi et notre protagoniste semble
plus sympathique que s’il avait cherché à s’enrichir en faisant des enfants
partout ! Tout le travail d’adaptation à la législation française ainsi que
la traduction du québécois au français a été effectué par Karine de
Demo. Ensuite, avec José, on a développé l’aspect plus déjanté de son
personnage, ou encore des scènes délirantes comme celle du simulateur
de chute libre ou celle du BMX. Et bien sûr, suite à mes échanges avec
Maître Musset, j’ai réécrit tous les dialogues juridiques et ai incarné les
enfants du collectif en leur écrivant divers témoignages !
Le protagoniste suit une trajectoire à la fois drôle et émouvante.
J’ai toujours senti, tout au long du tournage, qu’à travers ce postulat de
départ – un collectif demande à connaître son géniteur – je racontais la
naissance d’un père. D’ailleurs, je pense aussi qu’une mère – tout comme
un père – ne naît pas mère, mais le devient. Chez Diego, ce qui est
intéressant, c’est qu’il s’apprête à connaître une aventure extraordinaire
qu’il n’est pas prêt à vivre. Pour autant, il a un grand coeur et il aime
les gens, même si, jusque-là, il n’a jamais eu l’occasion de donner, mais
uniquement de recevoir. Et comme il a été très bien construit par ses
propres parents sur le plan affectif, il se découvre peu à peu capable de
relever le défi, en faisant preuve d’une grande générosité et d’un véritable altruisme.
Peu à peu, il se stabilise.
Oui, car c’est en s’ouvrant aux autres qu’on arrive à mettre de l’ordre
dans sa propre vie : lorsqu’on prend conscience qu’on se retrouve en
miroir chez les autres, on comprend mieux ce qui dysfonctionne chez soi.
À partir du moment où Xavier, le jeune gothique, lui force la main pour
devenir père au quotidien, il commence à prendre de l’aplomb et à acquérir
une autorité paternelle, tout en étant désarçonné. Au fond, Diego est un
personnage maladroit qui fait trop confiance aux gens. Du coup, il s’attire
constamment les ennuis parce qu’il est un peu trop candide et, surtout,
d’une infinie gentillesse.
À travers cette comédie émouvante, vous parlez aussi de la peur de
l’engagement…
Pour un homme, s’attacher à une femme, c’est forcément se poser un jour
la question de savoir s’il veut avoir un enfant et, donc, se construire à un
moment donné. Diego, lui, résiste à l’idée de construire quoi que ce soit :
il a cette petite lucidité en lui grâce à laquelle il se dit que, n’arrivant déjà
pas à s’occuper de lui-même, il risque d’avoir du mal à s’occuper d’une
femme au caractère bien trempé, sans même parler d’un enfant. Mais,
peu à peu, la quête du collectif a un effet sur sa vie privée et lui permet de
tout accepter en bloc. Lui qui était emmuré entre sa petite famille, Quentin
et Elsa, il doit dilater son coeur au maximum pour s’ouvrir aux autres et
partir à l’aventure, en découvrant qu’il peut être utile.
C’était important pour vous que Diego soit d’origine espagnole ?
Pour l’approche latine qui était la mienne, je trouvais plus intéressant de
me rapprocher de l’Espagne car il me semble que la France est le moins
« latin » des pays latins ! Du coup, la famille de Diego est galicienne :
non seulement les parents de José sont galiciens, mais beaucoup de
poissonniers sont originaires de cette région. Cela m’a permis de me rattacher à un vécu familial et d’évoquer des images très fortes, dont j’ai pu parler ensuite à mon chef décorateur. Par exemple, j’adorais voir Elsa débarquer en plein repas typiquement espagnol, où les desserts succèdent à la paella et aux tapas : il y a bien évidemment pas mal de moi dans ce personnage !
Le film n’idéalise jamais la paternité et le personnage de Lucien Jean-Baptiste n’hésite pas à tenir des propos politiquement incorrects…
Il y avait cette volonté car, même si on les adore, nos enfants nous emmerdent parfois et nous fatiguent souvent ! (rires) C’est encore plus compréhensible dans le cas de Quentin (Lucien Jean-Baptiste) puisque sa femme est partie et lui a laissé la charge de leurs quatre enfants. Pour autant, je ne voulais pas sous-entendre que sa femme l’avait quitté parce qu’il s’était laissé aller : au contraire, en choisissant Lucien, je rends le personnage de Quentin séduisant et n’excuse pas sa femme d’avoir quitté sa famille.
Comment avez-vous choisi Audrey Fleurot et Lucien Jean-Baptiste ?
Quand j’ai rencontré Audrey, j’ai rapidement senti qu’il y avait une autorité naturelle chez elle qui correspondait à Elsa. Elle a un charme fou et quelque chose de solaire qui illumine son entourage. Ensemble, on a construit son personnage. Je voulais notamment, à travers elle, parler de la grossesse, en mettant en scène trois saisons différentes : le film commence sous la neige de décembre et s’achève dans le soleil de juillet. Je lui ai donc proposé d’être dans le dérèglement hormonal le plus total ! Du coup, on la voit crier, puis se calmer, devenir toute douce ou encore avoir une envie subite de chamallows…
Pour Quentin, je voulais quelqu’un de tendre et chaleureux, une sorte de nounours attachant capable d’élever ses quatre enfants et qui a lui-même gardé une part d’enfance en lui. Lucien Jean-Baptiste me donne ce sentiment. Dès qu’il est à l’image, on l’aime instantanément et on a envie qu’il soit notre ami !
Et les jeunes comédiens ?
J’ai travaillé avec Swan Pham, ma directrice de casting, qui s’est démenée comme une folle pour me faire des propositions formidables en un temps record. Par ailleurs, il y avait des comédiens, comme Arnaud Tsamère, Alice Belaïdi, Douglas Attal, ou Laurent Mouton, qui m’intéressaient d’emblée. Ensuite, Swan m’a présenté Gérard Hernandez avec lequel j’avais très envie de travailler et beaucoup de jeunes talents, comme Verino, François Civil ou Solal Forte, que je ne connaissais pas et qui m’ont enchantée. Même les enfants figurants du collectif sont lumineux.
Comment avez-vous travaillé le rythme et l’esthétique du film ?
Pour moi, le plaisir est dans la diversité de ce qu’on vit. Je voulais donc des variations de rythme, avec des alternances de moments explosifs et de tendresse. Et comme j’avais choisi ma musique au préalable, grâce à mon éditrice musicale Amélie de Chassey, je savais à quel moment je voulais ralentir le tempo ou, au contraire, l’accélérer.
J’ai aussi eu la
chance de travailler avec un très bon monteur, parfaitement conscient de la « couleur » qu’il fallait donner au film. Au final, je me suis rendu compte que le montage était très musical, très rythmique. Par ailleurs, j’ai une vraie sensibilité à l’image, et j’ai gardé de mon métier de danseuse un goût pour l’esthétique du plan et la beauté des visages bien filmés. J’ai notamment travaillé les décors et les costumes, autour du bleu et de l’orange, déclinés pour inscrire les personnages dans une tonalité solaire et méditerranéenne.
La musique est très forte.
Les scores ont été composés par André Manoukian et les six morceaux additionnels ont été réalisés par un jeune groupe, We Were Evergreen, qui sort son premier album à la rentrée 2013 et qui a composé un titre spécialement pour le film, Chromosomes. J’ai adoré l’humeur de ce groupe qui, pour moi, incarne la musique du collectif : c’est une partition magnifique pour assurer les enchaînements et rythmer la « holi party » ou encore la scène à la base de loisirs. Du coup, j’ai demandé à André de reprendre les instruments des arrangements pop-folk de We Were Evergreen, comme le marimba, par exemple, pour composer une musique sensible sans jamais tomber dans la sensiblerie. Mais dans l’ensemble, je ne voulais pas que la musique soit redondante par rapport à ce que l’image raconte : une scène d’émotion est souvent plus belle quand elle est transmise sans musique.
Quelle était l’ambiance sur le plateau ?
Très joyeuse parce que les comédiens, quelle que soit l’importance de leur rôle, allaient dans la même direction. Même entre eux, il y avait une grande envie de se connaître. D’ailleurs, je voulais que tous les enfants du collectif, acteurs comme figurants, soient conscients de ce qu’ils jouaient, et que personne ne se retrouve mis sur la touche. J’entendais parfois les jeunes me dire « Isa, on te kiffe ! » Jamais personne ne traînait des pieds. Je sentais du désir et de la bonté chez eux, et beaucoup de disponibilité des uns et des autres, ce qui était d’autant plus important que le temps de tournage était serré et que la météo était rock’n’roll.
Une partie des comédiens de Fonzy au KINEPOLIS de LOMME
José GARCIA
Alison WHEELER
Crédits photos :
© Jacky et Viviane CRENEAU , divers Presse cinématographique .
Reportage réalisé au KINEPOLIS de LOMME et à HôTEL " L' HERMITAGE GANTOIS " LILLE.
Oh ! en plus j'adore Audrey Fleurot ! J'aurais trop aimé la revoir ! On a la même couleur de cheveux !
RépondreSupprimerEn effet, c'est dommage, et peut-être qu'un jour ce sera toi sur le grand écran....
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