Jacky CRENEAU présente : Creneau Films Productions. Jacky Créneau Reporter photographe Lillois, élève de l'école Louis Lumière de Paris avec comme professeur Raymond DEPARDON, qui n'est autre que le photographe officiel de notre nouveau Président de la République François HOLLANDE. Jacky commence comme photographe de l'agence Champagne à Roubaix( mode et défilés ),parallèlement gérant, photographe et reporter de l'agence Osiris, et aussi reporter de mariages, cérémonies et évènementiels pour le groupe Photo-Express... Réalisateur de composits et PressBooks... dans diverses sessions: mode, charme, portrait, lingerie, mariage, photographie industrielle, photo-journalisme, publicité,conception cartes et pochettes pour des disques vinyles,CD, VHS et DVD. Cinéaste et scénariste. Président de Créneau Films Production, Réalisateur de clips , courts et longs métrages. Actuellement Reporter photographe et suivi de réalisateurs et comédiens concernant les avant-premières et interviews des nouveaux films du Cinéma Français et international, ( UGC,Kinepolis,Majestic et Métropole de Lille et environs ). ************************************************************ Le Créneau du cinéma . ******************** Ce blog est réalisé et administré par Jacky CRENEAU et Daniel HERMAN .
L'évasion de l'orphelinat
TABLEAU sous forme de COURT METRAGE pour une adaptation théâtrale écrite par Emilie TOMMASI :"R.A.S -Les portes qui claquent" : ( Scène de" l'évasion de l'orphelinat". d'après " Les souvenirs de Michel " - Réalisation:Emilie TOMMASI et Jacky CRENEAU - Musique originale : Daniel HERMAN pour ekm productions - informusic & CRENEAU FILMS PRODUCTION et ACTIO FILMS
Partenaires cinéma
Le quotidien du cinéma
INFORMATIONS
Archives sur les conférences:
En 2012, le Festival avait organisé deux conférences au Furet du Nord de Lille spécifiques mais pour autant prestigieuses: la première avait eu lieu en présence de notre parrain le réalisateur britannique David Yates (Harry Potter) le vendredi 30 mars à 17h et la seconde avec le réalisateur et dessinateur Vincent Paronnaud (Persépolis, Poulet aux prunes) le vendredi 6 avril à 17h.
Table Ronde
Le secteur du cinéma est dominé par une incertitude empêchant de prédire les retombées. Il est alors évident que la logique qui anime un producteur n'est pas loin du marketing classique. Dès lors, projets cinématographiques et réalités économiques sont étroitement liés. Une conférence a mis en interaction différents représentants de la sphère cinématographique française autour d'un même thème: l'économie du cinéma. Ce débat avait été organisé en Avril 2012 sur Lille à l'espace conférence de Surcouf, rue du Molinel.
Le Festival du Cinéma Européen de Lille a organisé en collaboration de l’association "Prix de court" et "www.film-court.com" il a mis à l'honneur le cinéma du Vieux continent, et plus particulièrement le court métrage. A travers une programmation exigeante, des longs métrages hors compétition, des séances jeune public, un concours de scénarii… le festival a offert un accès privilégié à ce format encore trop méconnu. Pour cette année 2013, le festival a déroulé ses bobines du 29 mars au 5 Avril ayant eu comme parrain officiel, le célèbre réalisateur Patrice LECONTE .
Avec Marina FOÏS , Noémie LVOVSKY, Laura SMET, Laura DUENAS, Sarah ADLER, ...
SYNOPSIS :
Louise, Sam, Lili. Trois femmes qui ne se connaissent pas mais dont la
volonté farouche d’évolution va les faire se rencontrer, se rejoindre,
se juxtaposer. C’est l’histoire de Louise qui quitte le pressing de
famille pour travailler dans une grande entreprise de fabrication de
poupée où l'a pistonnée son amant. De Lili, Miss Nouvelle-Calédonie, qui fait la rencontre d'un riche industriel. De Sam, mère de famille nombreuse, qui décide de prendre son indépendance. Il y a la pression de leurs mères, de leurs soeurs, de leurs amies. Il y a leurs hommes qui disparaissent. Il y a leurs filles qui les regardent, les imitent. Et il y a la conception de ce nouveau modèle de poupée, enfin à l'image de la femme. Mais est-ce le modèle qui doit s’adapter à la femme ou l’inverse ?
Valéria LUKYANOVA : Le célèbre mannequin d'Odessa ( Russie ), mythe de la Poupée Barbie vivante
Ce deuxième long métrage de Katia
Lewkowicz n'est pas pour manquer d'ambition. Pour ce scénario aux
portraits croisés de trois femmes ( une employée de pressing, une jeune
Miss et une mère de famille ) toujours complexe à mener sans être trop déséquilibré, et le désir de faire souffler un vent hilarant et dingue
dans son récit.
On aborde dans ce film des thèmes aussi importants tels que le monde du travail, la féminité à l'âge de la maturité ou la
transmission. La réalisatrice embarque la “sensible chronique sociale” et le “beau
portrait de la femme” sous une forme moins ignorante du côté du manifeste
théorique.
Conclusion : Un film sympathique, mais hélas, une mise en scène quelque peu hystérique avec un scénario que l'on estime trop découpé car il est proposé de façon plutôt anarchique et désordonné. A l'instar de ce qui aurait pu mettre encore plus en valeur les actrices principales.
Sébastien Nicolas a toujours rêvé d’être quelqu’un d’autre. Mais il n’a
jamais eu d’imagination. Alors il copie. Il observe, suit puis imite les
gens qu’il rencontre. Il traverse leurs vies. Mais certains voyages
sont sans retour.
Le personnage de Matthieu Kassovitz
peut être rapproché de grandes figures de la littérature, comme leDocteur Frankenstein, le Docteur Mabuse ou encore Fantômas. Comme
l'explique Matthieu Delaporte,"on est constamment à la frontière du merveilleux, sans jamais la franchir" (à l'instar de ces personnages qui flirtent également avec le merveilleux et l'irréel).
Etudiant en histoire et sciences politiques, Matthieu Delaporte délaisse
les bancs de la fac pour réaliser "Musique de chambre", un
court-métrage présenté à de nombreux festivals. De 1996 à 2001, il
rejoint le groupe Canal + pour écrire les fictions du programme "Le Vrai Journal" présenté par Karl Zéro. En 2004, il fait la rencontre décisive d'Alexandre De La Patellière. Une collaboration naît entre eux avec l'écriture de la comédie Les Parrains. Elle se poursuit sur plusieurs années via l'écriture pour divers genres cinématographiques, allant de l'animation (Skyland, Renaissance et The Prodigies) à la comédie ( Les Dents de la nuit, RTT, Il était une fois, une fois ). Le scénario qui le conduit vers la réalisation est celui de La Jungle, coscénarisé avec Alexandre de La Patellière et produit par ce dernier en 2005. Il y fait jouer Guillaume Gallienne et Patrick Mille dans un registre comique. En 2009, Matthieu co-scénarise de nouveau avec Alexandre De La Patellière le policier L'Immortel, réalisé par Richard Berry qui met en vedette Jean Reno et Kad Merad. La même année, il devient producteur associé, toujours avec son acolyte, de Sweet Valentine, le premier film d'Emma Luchini. Un an plus tard, les deux compères écrivent la pièce de théâtre "Le Prénom" mise en scène par Bernard Murat. Le triomphe est tel au théâtre Edouard VII que les scénaristes décident de porter la pièce à l'écran l'année suivante. Le film,
qui met en scène les mêmes comédiens (à quelques exceptions près) de la
pièce obtient le césar du meilleur acteur dans un second rôle ( Guillaume De Tonquédec ) et celui de la meilleure actrice dans cette même catégorie: ( Valérie Benguigui ). Parallèlement,
Matthieu Delaporte obtient le Prix Nouveau Talent Théâtre de la SACD et
le Prix Jeune Théâtre de l'Académie française. Le duo inséparable
reprend la caméra et la plume en 2013, avec Un illustre inconnu, un étrange drame interprété par Mathieu Kassovitz qui sort en salles cette semaine.
Compositeur au sens large du terme, Jérôme Rebotier travaille aussi bien
pour la publicité que la télévision et le cinéma. Il conçoit notamment
des jingles publicitaires pour les marques Kellog's et Hermès, fournit
des génériques d'émissions et habille en musique les défilés des
couturiers Jean-Paul Gaultier et Sonia Rykiel.
Un film de Mélanie Laurent. Scénario : Mélanie Laurent et Julien Lambroschini. Avec : Joséphine Japy, Lou de Laâge, Isabelle Carré,... Musique : Marc Chouarain Durée : 1h32
Synopsis :
Sasha a de nombreux projets, épouser Stephan, quitter Belgrade pour le
Canada et par la même occasion s’éloigner de son père, un peu trop
possessif. Mais un accident de voiture contrecarre ses plans, Stephan se
retrouve à l’hôpital, et Lana, la sœur de ce dernier, accourt en
apprenant la nouvelle.
Lana est photographe, fantasque et elle ne cache pas son goût pour les
femmes. Par jeu, elle provoque Sasha, si sûre d’elle, si comme il faut.
Mais ce jeu du chat et de la souris va prendre une tournure nouvelle où
tout sera désormais permis.
Dans ce thriller psychologique sombrement comique mais non moins sexy,
Dragan Marinkovi aborde des thèmes contemporains et dépeint avec
justesse une société serbe en pleine mutation.
Pour ce deuxième long-métrage,Mélanie Laurentadapte librement
l’ouvrage éponyme d’ Anne-Sophie Brame et livre un film très personnel
car il aborde le sujet délicat, douloureux, de la perversion
narcissique. Un thème que la réalisatrice connaît bien puisqu’elle avoue
avoir vécue une relation amoureuse avec un manipulateur. Personnel
enfin, car ce film - où Mélanie Laurent n’apparaît pas en tant
qu’actrice - marque un vrai talent de cinéaste et de direction
d’acteurs, malgré un début quelque peu trop long pour exposer les
personnages. Curieux de rencontrer la jeune cinéaste, Lille La Nuit a
fait le déplacement pour l’interviewer. Nous avons découvert une jeune
femme réfléchie, passionnée, portant une véritable réflexion sur la mise
en scène et qui se verrait bien abandonner le métier d’actrice pour se
consacrer uniquement à la réalisation.
Lors de notre entretien, Mélanie Laurent était accompagnée de sa
brillante et très mature jeune interprète (20 ans !), la révélation de
Respire : Joséphine Japy.
Interview exclusive ( salle de conférence de Hôtel L'Hermitage Gantois ) :
C’est votre deuxième long métrage après Les adoptés, je crois
que le premier était un sujet original, celui là est une adaptation,
pourquoi le choix d’une adaptation et comment vous avez procédé ? Est-ce
que c’est fidèle, éloigné du roman original, comment ça s’est passé ? Mélanie Laurent : Je l’ai lu, j’avais 17 ans. A l’époque, l’auteur
avait 17 ans aussi. Je voulais déjà l’adapter. Heureusement, personne ne
m’a fait confiance, parce qu’on n'est pas sérieux quand on a 17 ans. Il
m’aurait manqué énormément de maturité et je n'aurais eu aucun recul
sur cette histoire d’adolescentes violentes, puisque j’étais un peu
dedans et que moi-même à l’intérieur de mon lycée, j’ai connu la boule
au ventre, les bandes de filles un peu cruelles, les jalousies, les
rapports un peu malsains. Pas du tout au point de ce que vit Charlie,
mais en tout cas cela faisait écho en moi sur un certain nombre de
choses. Après je l’ai oublié, et quand j’ai eu envie de faire un film je
n’y ai pas du tout pensé.Quand j'ai écrit ce rôle, j’ai pensé à des adultes que
j’ai rencontrés et qui sont des grands manipulateurs. C’était donc bien
au final d’avoir toutes ces années pour écrire ces personnages.
J’ai fait Les adoptés en inventant de toutes pièces cette
histoire et quand il a fallu se pencher sur le prochain, il y avait
beaucoup de pression. J’avais fait un film avec beaucoup d’insouciance
et pour le deuxième, il y avait un vrai choix de sujet à faire qui m’est
apparu comme une évidence. J’en ai parlé à Bruno Levy mon producteur en
lui disant « écoute, j’ai ce livre qui ne m’a jamais vraiment
lâché, qui est toujours un peu là, qui a laissé une trace pendant toutes
ces années ». Et ce qui est intéressant c’est aussi que de vingt à
trente ans, j’ai croisé des vrais pervers narcissiques dans mon métier,
dans des amours, dans des métiers qui ont nourri ce personnage de
Sarah. C'est-à-dire que d’un coup ce personnage de Sarah, je l’ai écrit
comme un rôle adulte et pas comme une adolescente qui ne se rend pas
compte du pouvoir qu’elle a, et qui s’amuse un peu. Ce n'est pas juste
le jeu du chat et de la souris, je pense qu’il y a quelque chose de très
mature et très conscient chez elle. Quand j'ai écrit ce rôle, j’ai
pensé à des adultes que j’ai rencontrés et qui sont des grands
manipulateurs. C’était donc bien au final d’avoir toutes ces années pour
écrire ces personnages.
Et après, pour l’adaptation, je n’ai pas relu le livre. Elle est donc
un petit peu libre. Elle vient des souvenirs que j’en avais quand
j’avais 17 ans. Le livre se passe sur quatre ans, là le film se passe
sur six mois. Charlie était très mal dans sa peau avec un physique
difficile, se sentait très en dessous de la beauté de Sarah, qui était
presque schizophrène dans le livre. La scène finale ne se passait pas du
tout comme ça. Et puis j’ai réinventé aussi le contexte familial. On
était dans un lycée très parisien. J’aimais bien l’idée d’une petite
ville de province où changer de lycée, ce n'est pas facile. Connaître
des gens depuis des années et tout d’un coup ne plus les connaître.
J’aimais bien l’idée de l’isolement.
Joséphine, comment avez-vous construit ce personnage ? Vous êtes une
jeune actrice, c’est quand même un personnage qui passe par toute une
palette d’émotions, qui se transforme beaucoup tout au long du film, et
vous vous retrouvez dans des situations assez paroxystiques. J’aimerais
savoir comment vous avez travaillé et justement comment vous avez
travaillé cette relation paroxystique avec Lou de Lâage ? Joséphine Japy : Pour travailler cette relation avec Lou, Mélanie
avait fait un truc super : elle nous a emmené quatre jours à la
campagne, loin de tout. On a pris les scénarios, on a travaillé dessus,
on a parlé un peu de tout, des amitiés à cet âge là, les premières
amours, de plein de choses de la vie en fait. Et à chaque fois, ça nous
ramenait un peu vers le scénario. Puis, on a vraiment travaillé sur
l’idée de chaud et de froid entre les deux personnages de Charlie et
Sarah. Je me souviens : il y a même un moment où on prenait les scènes
et limite on mettait des plus et des moins à côté. On se disait là c’est
un coup de chaud, puis là comme elle lui a fait un sale coup, c’est un
gros coup de froid. On travaillait tout le temps là-dessus pour la
relation entre Charlie et Sarah.
Après plus particulièrement sur le travail de Charlie, ce qui était
assez compliqué, c’est que c’était ma première expérience en tant que
comédienne, d’un coup, j’allais arriver le premier jour, être là de la
première scène jusqu’à la dernière scène du dernier plan. Et au-delà de
la responsabilité que c’est de porter un rôle comme celui là quand une
réalisatrice et une comédienne comme Mélanie vous apporte un rôle aussi
riche, il y a aussi l’envie de se transcender, d’aller jusqu’au bout et
de donner le meilleur. Ça n’était pas évident dans le sens où il fallait
le tenir sur une durée, c’était physique. Il y avait beaucoup de scènes
d’oppression, d’angoisse, d'essoufflements, vraiment dans la
respiration, donc tout ça fatigue physiquement. Ça a été un gros travail
sur le tournage en particulier.
Mélanie Laurent : C’est une caméra d'épaule du début à la fin. Est-ce que c’est dû aux situations, à l’improvisation, est-ce
que c’est dû aussi au fait que vous ayez dû peut être vous adapter à un
temps de tournage très court ? Mélanie Laurent :
Oui, on avait six semaines et on a fini une journée
en avance. Le problème du temps en fait… Moi, je fais une ou deux
prises, on ne s’épuise pas beaucoup. D’ailleurs, il y avait des scènes
où j’avais prévu quatre heures pour les faire et on les a pliées en dix
minutes. On avait donc du temps pour faire d’autres choses, aller boire
des coups… (Rires) !En fait, avec mon chef opérateur, on avait quatre décors. Pour Les Adoptés, j’en avais trente-cinq. Donc c’est sûr que ce n’était pas les mêmes films. Pour Les Adoptés,
je faisais que des plans séquences, celui-là j’ai fait pas mal de
découpages et la caméra est allée aussi se placer en fonction des
mouvements des acteurs. Mais on est passé de plans extrêmement précis
avec carrément des références de photos que j’avais vues, avec des idées
de lumière que je voulais, et à la fois sur certains moments pas tant
que ça.
Le fait d’être à l’épaule permet que tout d’un coup, hop, on a envie
de se retourner vers un acteur dans la même scène, on le fait. C’était
une évidence pour moi que ça allait être caméra à l’épaule, je ne voyais
pas comment je pouvais poser ce film, ni le mettre sur des rails. Je le
voulais vivant, toujours, mais pas sur une épaule qui fout la gerbe. Je
n’ai pas du tout envie qu’on ait le mal de mer, qu’on se sente mal à
l’aise à l’image. En revanche, je pense que ce n’était pas un film qu’il
fallait poser. Il fallait qu’on reste vivant. Je voulais qu’on ne sache
jamais ce qui va se passer.
Une question pour vous deux : qu’est-ce que vous vouliez sur Respire à tout prix éviter, et absolument réussir ? Mélanie : Bonne question à Lille (Rires) ! A tout prix
réussir… C’est toujours très compliqué de faire un film dramatique sans
tomber dans le pathos. La plus grande difficulté à éviter, le jour où
j’ai rencontré Joséphine, je savais que j’allais la surmonter. A
l’écriture du scénario, beaucoup de gens me disaient « je ne sais
pas qui tu vas prendre comme actrice mais faudra qu’elle soit super
bonne parce qu'on a un peu envie de lui foutre des baffes, va falloir
qu’elle se réveille, elle ne peux pas supporter tout ça sans jamais
réagir ». Il y a donc eu cet écueil qu’il a fallu surveiller de
près. Une actrice qui au bout d’un moment subit, subit, subit avant
qu’elle craque, ça peut être très énervant. Ça aurait pu être le truc le
plus raté de tout le film, d’avoir une actrice qui ne s’empare pas de
ce rôle de victime. Joséphine joue la victime sans pour autant être la
pauvre petite victime cliché. Elle a truc dans le regard assez fascinant
et donc génial à filmer. Elle souffre, on souffre avec elle, elle
provoque beaucoup d’empathie. Et donc on comprend beaucoup de choses de
ce qu’elle fait, comment elle réagit. C’était ça qu’il fallait réussir,
et si on n’avait pas réussi ça, le film aurait été autre chose. Joséphine : Après tout ça c’est dur de répondre (Rires)… A tout
prix réussir… Oui je pense que Mélanie avait raison, il fallait qu’on la
comprenne cette Charlie, qu’on ne reste pas extérieur à son histoire,
mais je pense que c’est valable aussi pour le personnage de Sarah.
Mélanie :Oui, mais tu es de chaque plan, c’est toi qu’on
suit. Si on ne croit pas à ce que tu vis, il est foutu le film.
Joséphine :Merci Mélanie (Rires) ! Non, moi ce qui me faisait
peur, plutôt avant le tournage, qui m’angoissait vraiment, c’était qu’on
ne s’entende pas. Mélanie : Ah oui c’est vrai que t’avais ce flip. Avec Lou ?
Joséphine :Oui avec Lou. Quand j’ai rencontré Mélanie pour la
première fois, je savais que ça allait très bien se passer, je n’avais
pas de doute là-dessus. On parlait tout simplement à la table d’un café,
elle trouvait déjà les mots qui déclenchaient les automatismes dans ma
tête qui me permettaient de comprendre directement ce qu’elle voulait,
où elle voulait aller, et comment elle voulait construire son
personnage. Mélanie :Sans être mystique hein ?
Joséphine : Sans être mystique oui (Rires) ! Mais par contre ce qui
me faisait vraiment peur, c’est qu'il y a un tel rapport entre Sarah et
Charlie, si jamais on ne s’entend pas bien ça va être une souffrance
terrible de tourner ce film. Filmer toutes ces scènes très dures, très
intenses, où on se balance des choses à la figure, etc. Si jamais on ne
s’était vraiment pas entendu, ça aurait été très violent. Là, ce qu'il
se passait sur le tournage, dès qu’une scène était terminée, on allait
se voir en disant « ça va, t’es sûre que ça va aller, j’ai été vraiment vilaine cette fois-ci
» ! A chaque fois ça se passait comme ça et du coup c’était un écueil
évité aussi. C’était très facile de tourner tout ça. Il n’y avait pas de
haine, de jalousie, de stress, à aucun moment du tournage. C’est quand
même la meilleure situation possible.
A Mélanie Laurent : Vous vous épanouissez plus en tant que cinéaste ou en tant qu’actrice ? Mélanie :Qu’est-ce que vous en pensez (Rires) ? Il n’y a
qu’en tant que réalisatrice que je respire, que je suis ce que je suis.
La première fois que j’ai tourné mon premier long métrage, la personne
qui me connaît le mieux au monde m’a dit « ah bah dis donc, ça y est, c’est enfin toi
» ! Ce qui voulait dire que cela faisait quinze ans que ce n’était pas
moi. Quand on est réalisateur, quand on peut pendant un an, deux ans,
trois ans de sa vie, s’intéresser à quels sons on va mettre, de violons,
de piano, sur la scène où elle rentre dans l’eau... Ça quand même, s'il
n’y a pas quelque chose de plus tripant que ça, je veux bien essayer.
Mais artistiquement, j’ai toujours eu beaucoup d’imagination quand
j’étais petite, et c’est le seul métier qui me permet de canaliser tout
ça. Je m’éclate chaque seconde de ma vie quand je fais ça, parce que
chaque étape, chaque particule, chaque instant me remplit à un point… Du
coup c’est difficile maintenant d’être actrice.
Vous pourriez abandonner du coup, juste pour la réalisation ?
Mélanie :Oh oui. Oui, mais en même temps juste avant de tourner Respire,
j’ai tourné avec une réalisatrice péruvienne extraordinaire qui
s’appelle Claudia LLosa avec qui j’ai fait un film magnifique, et elle
ne disait pas « action » ! Je lui ai piqué. Elle tournait à l’épaule,
j’ai trouvé ça génial, et je me suis dit que pour Respire je devais absolument tourner à l’épaule. Avant les Adoptés, même si le film n’a rien à voir, j’avais tourné Beginners,
pleins de petites vignettes, de moments de vie, je lui ai piqué ces
trucs-là. Alors il faut toujours garder son œil, mais ce sont des
réalisateurs comme ça qui m’inspirent ce que je suis en tant que
réalisatrice.
J’adore travailler avec des supers bons metteurs en scène. C’est sûr
que maintenant je n’ai plus un regard d’actrice. Je pense d’ailleurs que
les gens qui me choisissent maintenant le savent. Et je pense que je
travaille un petit peu moins, parce que les gens doivent accepter ça. Il
faut accepter une actrice qui ne reste pas trop en place. Jamais je ne
dirais à un metteur en scène : « tu devrais faire ça ou je l’aurais fait comme ça
», même pas en rêve. Mais c’est vrai que mon œil se pose sur plein de
choses et que tout m’intéresse maintenant. J’ai une fascination pour les
« actrices objets ». Marie Denarnaud m’avait dit « Moi je suis ton objet, tu fais ce que tu veux de moi ». Je lui ai répondu « ah bon ? Mais c’est génial » ! Elle m’avait répondu « Ah mais moi je n’aime que ça, j’aime uniquement qu’on me dise ce que je dois faire et me diriger. Pourquoi toi non
? ». Non, moi personne ne sait me dompter. Ce jeu là entre un
réalisateur et une actrice, la confiance qu’elles m’ont offerte était
merveilleuse, parce qu’évidemment je détesterais travailler avec moi en
tant qu’actrice. C’était super. J’ai à la fois besoin de mon métier
d’actrice qui me nourrit et en même temps évidemment que je pourrais
m’en passer.
C’est une chance inouïe de réaliser des films. Et puis en plus
celui-là, qui est un peu un sujet de société. Je me rappelle de la
tournée province de « Je vais bien, ne t’en fais pas », après des débats avec des jeunes anorexiques, elles venaient me voir en me disant « Je promets que je vais manger ce soir », et qui dix ans après m’écrivaient en me disant « je suis sortie de l’anorexie
», font qu’on se rend compte du pouvoir de ce film et de certains
films. A un moment donné, on regarde quelqu’un qui se diminue à l’écran,
on observe sa souffrance, on prend du recul dessus, et on a une
impulsion de vie. Si on change la vie d’une gamine qui se fait emmerder
au lycée depuis septembre, le 12 novembre, et qui voit Charlie dans
cette dépression nerveuse tellement atroce, qui se fait mal parler, qui
ne se fait pas respecter, qui souffre en silence… S'il y en a une sur
tous les gens qui verront le film qui dira en sortant « mais en fait celle qui m’emmerde au lycée elle a du pouvoir que si je lui en laisse. Donc je vais tracer, je vais avoir mon bac et puis je vais passer à autre chose ». Franchement, j’espère qu’il y en aura une pour qui ça va changer quelque chose et là on aura servi à quelque chose.