Un film magnifique et singulier dans la programmation :
Un film français avec des acteurs Chinois ou film chinois tourné par un Français ?
Avec : Li Baotian, Li Xiaoran, Yang Xin Yi, Qin Hao ...
SYNOPSIS :
Zhigen est un paysan qui a fait le voyage vers Pekin il y a 18 ans, comme des millions de travailleurs migrants pour travailler et faire vivre sa famille. Durant toutes ses années il a eu comme unique compagnon un oiseau ramené du pays et qu’il veut rapporter sur la tombe de sa femme à Yangshuo. Lorsque sa belle-fille lui demande d’amener Renxing, sa petite-fille capricieuse, dans son périple il est tout heureux de partager avec elle quelques jours pour lui raconter son histoire.Ce voyage dans les magnifiques paysages chinois se révélera plus compliqué que prévu et permettra au grand père (joué magistralement par Li Baotian ) et à sa petite fille ( jouée par Yang Xin Yi ) de se retrouver.
Féru dessinateur (Après son bac philo ), Philippe Muyl né à Lille, étudie aux Arts graphiques à l'institut Saint Luc de Tournai en Belgique, puis à l'Ecole Supérieure de Publicité de Paris, et exerce le métier de Directeur Artistique dans la publicité pendant plusieurs années chez Publicis et Elvinger, puis responsable de la publicité dans l'hebdomadaire culte des éditions DARGAUD : Pilote.
En free-lance, Philippe MUYL exerce en temps que concepteur-rédacteur de publicité pour les agences.
Arrivent les années 70, où la mode pour la communication d'entreprises est à l'audiovisuel. A la croisée des chemins entre le graphisme et l'écriture, le cinéma s'impose à lui... Avec un associé, il monte une société de production, et pendant quinze ans va réaliser des films industriels et instiutionnels. Parallèlement, il se forge une grande culture cinématographique en voyant tous les films possibles. Progressivement, il analyse la construction des scénarios, et se décide à en écrire lui-même. Mais sans relations dans le cinéma, il restent dans ses tiroirs. En 1980, il réalise un premier court-métrage, L'École des chefs (Prix Fipresci Festival de Lille), et après avoir lu le roman Une jeune fille nue (Nikos Athanassiadis), il en écrit l'adaptation et obtient l’avance sur recettes. Faute d'avoir trouvé un producteur susceptible de l'accompagner mais bien décidé de profiter de cette opportunité, il choisit de produire lui-même le film L'Arbre sous la mer, qui sort le 16 janvier 1985 avec Christophe Malavoy et Julien Guiomar. C'est un échec, et il lui faudra 8 ans pour rembourser ses dettes... Sa carrière a démarré ! Durant les années qui suivent, il continue de tourner de nombreux films d'entreprise, expérimentant pour l'occasion les nouveaux formats: l' Omnimax ("Top Chrono", film sur la F1 pour Renault) et la 3D ( film en 70mm et stéréovision ).
Le nom " MUYL"n'est pas un nom très courant. L'avantage, c'est qu'il est original. L'inconvénient, c'est qu'il est difficile à prononcer ( je dois toujours le répéter trois fois ! ). C'est un nom d'origine flamande qui veut dire moulin. Il n'y a pas beaucoup de « Muyl », et un seul dans le cinéma, ce qui fait que lorsqu'on tape ces quatre lettres sur Google, la quasi totalité des réponses me concerne. Pour autant, les articles sont très redondants et ne permettent pas d'en savoir beaucoup à mon sujet. C'est pourquoi jai eu envie de faire mon site. N'y voyez aucune mégalomanie de ma part (je me connais assez pour savoir que je suis tenu au devoir de modestie !), mais simplement le désir de donner accès à une information plus claire.
FILMOGRAPHIE en tant que réalisateur :
2012 | Le Promeneur d'oiseau | ||
2007 | Magique | ||
2002 | Le Papillon | ||
2000 | La Vache et le Président | ||
1996 | Tout doit disparaître | ||
1992 | Cuisine et dépendances | ||
1991 | Contre l'oubli | ||
1985 | L'Arbre sous la mer |
Singabuzz a rencontré Philippe Muyl (réalisateur) et Yang Xin Yi, la fantastique interprète de la petite fille.
Singabuzz : Est-ce que le Promeneur d’Oiseau est un remake de votre film le Papillon tourné avec Michel Serrault en 2002 ?
Philippe Muyl :
Pas du tout ! Dans le Promeneur d’Oiseau je voulais raconter une
histoire de famille, ce qui n’était pas le cas dans le Papillon, c’est
une nouvelle rencontre entre un grand-père et sa petite-fille. C’est un
scénario original avec un contexte social très différent et un thème
inédit. C’est un film dans la continuité du Papillon (N.D.L.R. : le
Papillon a été vu par au moins 10 millions de personnes en Chine et la
musique du générique est devenue culte là-bas), je ne veux pas que l’on
fasse de parallèles, pour moi ce sont 2 films différents !
Singabuzz : Comment avez-vous vécu le tournage du film ? Est-ce que diriger des acteurs chinois est très différent ?
Philippe Muyl
: C’était un challenge, la communication est bien sûr moins facile
qu’avec des acteurs français, mais j’avais des traducteurs pour m’aider
et surtout des acteurs excellents ! Donc en fait c’était assez facile !
J’ai expliqué les sentiments des personnages aux acteurs et je leur ai
fait confiance pour trouver le registre juste, chinois, pour exprimer ce
que je voulais. Le jeu des acteurs en Chine est différent, beaucoup
plus pudique, plus intériorisé, ce qui est intéressant.
Singabuzz : Quand vous avez tourné le film, vous avez plutôt pensé à un public chinois ou à un public européen ?
Philippe Muyl :
Un public chinois ! C’est un film chinois fait par un Français, le
contenu sera vu différemment par les auditoires, c’est sûr, les Français
vont découvrir une Chine qu’ils ne connaissent pas du tout, ils vont
voir des paysages, des modes de vie etc. Les Chinois vont voir un film
sur leur culture. Le film va sortir en France fin février 2014, j’espère
qu’on pourra faire venir les acteurs en France. Le film a été très bien
accueilli en Corée et j’ai hâte de le montrer aux Chinois ! Est-ce
qu’ils vont dire de moi que j’ai donné une bonne représentation de leur
pays ou est-ce qu’ils vont dire « De quoi ce mêle ce Français, pour
faire un film Chinois chez nous ! « ?. J’attends avec impatience leurs
réactions ! Même si le public chinois n’est pas très expansif !
Singabuzz :
Les paysages magnifiques, le rythme du film, la beauté des non-dits
dans les relations des personnages : vous pensez que les Chinois vont
saisir votre vision poétique sur leur pays ?
Philippe Muyl
: J’ai eu envie de dire aux Chinois : Regardez, vous avez de très
belles choses chez vous, prenez-en soin ! J’aimerais bien qu’en sortant
de la salle, ils se disent « On a un beau pays ! ».
Singabuzz : Est-ce que vous avez pu tourner comme vous le vouliez en Chine ?
Philippe Muyl :
Oui oui, presque. On m’a invité à rendre plus soft la scène où le bus
tombe en panne, pour éviter de montrer les problèmes des gens, mais rien
de grave. D’ailleurs, je ne me sens pas autorisé à critiquer la société
chinoise en tant qu’étranger. Les Chinois peuvent porter un regard
critique sur leur pays ou leur société, mais moi je suis un invité, je
ne peux pas faire cela. J’ai juste voulu faire un joli film, donner une
image de la Chine différente de celle que les Français peuvent en avoir
par rapport aux reportages sur les usines d’électronique ou sur la
malbouffe. Je sais qu’en France les journalistes vont me reprocher de
donner une image positive de ce pays, de ne pas avoir un regard
critique, mais ce n’est pas grave !
Singabuzz : À partir de combien de spectateurs vous estimez que Le Promeneur d’Oiseau sera un succès en Chine ?
Philippe Muyl :
Il y a le nombre d’entrées, qui est certes important, mais il y a aussi
l’estime des gens, des artistes qui compte ! Le nombre de spectateurs
est un critère typiquement français, partout ailleurs c’est le
box-office qui compte ! Si un à deux millions de spectateurs viennent,
ce sera fantastique !
Singabuzz : Comment avez-vous abordé le tournage en Chine ?
Philippe Muyl
: Je n’avais pas d’a priori sur la Chine, j’ai pris de nombreux cours
de chinois, je me débrouille un peu. J’ai découvert une culture qui a
des aspects très intéressants et d’autres très agaçants. Par exemple le
rapport au temps, la notion du temps et de l’objectif à atteindre sont
très différents des nôtres. Nous, on va en ligne droite d’un point A à
un point B, alors que les Chinois y vont en cercle, ils finiront par
atteindre le point B, mais avec une approche différente, plus patiente.
Heureusement je suis d’une nature calme et patiente, ça m’a aidé durant
les 45 jours de tournage !
Yang Xin Yi (la petite fille s’installe avec nous) : Vous avez vu le film ? Quel est votre personnage préféré ?
Singabuzz : Tu es une actrice formidable, mais tous les acteurs sont excellents ! Est-ce que ton grand-père ressemble à celui du film ?
Yang Xin Yi : Non ! Il est très différent ! Mon grand-père est plus traditionnel, plus conventionnel.
Singabuzz : Est-ce que le Promeneur d’Oiseau était ton premier film ?
Yang Xin Yi :
Non, mais c’est mon préféré ! J’en suis très fière ! J’espère vraiment
aller en France lors du lancement ! Pour le moment, je vais inviter
quelques-uns de mes amis à aller le voir avec moi au cinéma à Beijing,
je suis très contente !
Singabuzz : Tu vas toujours à l’école comme les autres enfants ?
Yang Xin Yi :
Bien sûr, sinon je ne serais pas aussi intelligente ! Je veux apprendre
la langue française, ça me donnera un certain statut !
Singabuzz : Dans la vie, tu échangerais ton IPad contre un oiseau ?
Yang Xin Yi : Certainement pas ! Surtout si c’est le dernier modèle !
Conférence de presse ( salons de l'Hôtel L' hermitage Gantois ) :
« Quand on me demande si ça a été difficile de faire un film en Chine, je réponds que ni la Chine, ni les Chinois, ni les acteurs ne m’ont posé de difficultés. En revanche, c’est financièrement que cela a été très difficile à faire. Fin 2012, quand on est rentré du tournage, il n’y avait plus d’argent pour finir le film. Ça a été une galère sans nom car je suis quasiment resté cinq mois sans pouvoir attaquer le montage. »
– La censure :
« Je n’ai pas eu de problème de censure. J’ai donné le scénario avant le tournage et présenté le film ensuite. On m’a fait quelques remarques assez anecdotiques, cela dit le film n’est pas très exposé à cela. C’est une fable.
Si on va en Chine, mieux vaut accepter les règles du jeu. Qu’est-ce qui est permis ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? On bénéficie d’une grande liberté de travail au quotidien. Ensuite, faut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas ! »
– Le tournage
« Cinquante jours de tournage en continu. C’est très bizarre, car on peut travailler cinq heures un jour et dix-sept le lendemain. Il y a pas mal de non-acteurs dans le film. On a tourné dans le sud de la Chine, dans la province du Guangxi, limitrophe du Vietnam. Une seule caméra, une grosse équipe d’une centaine de personnes. Des jeunes, pour la plupart, qui crapahutent. Punchy. Ça va vite. Ils sont sympas, souriants, ne râlent jamais. Faut dire qu’ils sont habitués à travailler à la dure. On a fait pas mal de repérages, mais on a dû tout de même pas mal improviser parce que les Chinois ne planifient pas les choses comme nous. Faut savoir se retourner. »
– Les écueils
« Je dis toujours que je fais des films pour apprendre à faire des films. Là, je ne maîtrisais pas grand-chose, même pas la langue. Je ne connaissais ni les acteurs ni les techniciens. Sauf celui du son que j’ai amené, car les Chinois ne font jamais de son direct. Comme les Italiens d’ailleurs. Sur le fond, je me retrouve à brasser les mêmes névroses. Je pense qu’il est temps pour moi d’arrêter de faire des films avec des enfants et des animaux, tout au moins des comédies sentimentales. »
– Les acteurs
« Avant de commencer à travailler, j’ai regardé pas mal de films chinois et je craignais un peu car ils ont tendance à surjouer. J’ai eu la chance de tomber sur des acteurs qui ont réalisé qu’ils ne faisaient pas tout à fait un film chinois. Je pense qu’ils ont adapté leur jeu. Ils m’ont même beaucoup aidé, car je ne peux pas prétendre diriger des acteurs chinois comme je dirige des Français. Côté pathos, c’est relativement facile à éviter, dans la mesure où les conflits ne donnent pas lieu à de l’expression. Tout est rentré. Tout est caché. Je me suis mis sérieusement au Chinois pour entrer dans la sonorité de la langue et parce que j’estime que c’est une forme de politesse vis-à-vis d’eux. J’avais un premier assistant hongkongais qui parlait mandarin et anglais. Et un deuxième qui, ayant travaillé en France, parlait pas mal le français. Cela dit, ce n’est pas inintéressant de ne pas parler la langue car cela évite les oppositions directes. On passe toujours par un ambassadeur, un interprète. »
– Les influences picturales
« Depuis mes études à Saint-Luc, l’impressionnisme et le cubisme restent ma peinture de prédilection. Monet, Van Gogh, Pissaro, Modigliani, Chagall. Tout un monde de couleur et de rêve. »
– Le mot de la fin :
« Ce que vous voyez de la Chine à la télévision est exact mais vous ne voyez-là qu’une partie du pays car on a tendance à ne vous montrer que des aspects négatifs, la pollution, l’exploitation des gens dans les usines. Tout ça existe mais moi je vous propose de découvrir une autre réalité. Des gens doux. De beaux paysages. De l’exotisme. Car ce film est aussi un voyage en Chine. »
Lire l’interview intégrale
sur cine.blogs.lavoixdunord.fr.
avec Régis DULAS : E-clap.fr
La Musique : Armand AMAR
Né en 1953 à Jérusalem, Armand Amar grandit au Maroc avant de s'installer à Paris. Il s'intéresse aux percussions, pratique les congas, les tablas et le zarb.
En 1976, sa rencontre déterminante avec le chorégraphe sud-américain Peter Goss lui révèle l'importance du rapport entre musique et danse, l'amenant à travailler avec Carolyn Carlsson, Marie-Claude Pietragalla, Patrice Chéreau et son école de comédiens, ou encore au Conservatoire National Supérieur.
Les musiques de films composées par Armand Amar mêlent les influences spirituelles aux musiques ethniques et symphoniques. Il a notamment réalisé les B.O. des films Amen (2002), Le Couperet (2005) et Eden à l'Ouest (2009) de Costa-Gavras, Va, Vis et Deviens (2005) de Radu Mihaileanu, La Faute à Fidel (2006) de Julie Gavras, Indigènes (2006) de Rachid Bouchareb, Comme Ton Père (2007) de Marco Carmel, Le Premier Cri (2007) de Gilles de Maistre, Sagan (2008) de Diane Kurys, ou le film-documentaire Home du photographe et militant écologiste Yann Arthus-Bertrand.
Armand Amar est récompensé en 2010 d'un César de la meilleure musique de film pour Le Concert du réalisateur Radu Mihaileanu sorti en 2009. En 2011, il collabore de nouveau avec Radu Mihaileanu pour le très remarque La Source des Femmes. Il lui revient en 2013 d'habiller musicalement pour le grand écran la mythique série télévisée française Belle et Sébastien. La chanteuse Zaz interprète sur la Bande Originale de ce mélodrame plusieurs titres dont le thème principal « Belle ».
Copyright 2014 Music Story ® Sophie Lespiaux
Bande-annonce :